Artiste serbe, vit et travaille à Paris

(Esclave des oiseaux)

 

Adriana Popovic n’est pas de ces artistes qui s’engagent sans projet et ne travaillent qu’à partir de leur seule intuition. Chaque étape de l’œuvre est le fruit d’une réflexion sans cesse remise en question. Un vrai chantier de fouilles où grattant couche par couche les filons de l’invisible, elle localise un par un les éléments de sa recherche pour les rassembler, dévoiler dans son ensemble la composition qui appartenait jadis à l’archéologie du futur.

Elle revendique un passé plastique dont les traces sont lisibles. Son absence d’innocence est cultivée. Elle s’affirme en opposition avec la modernité conventionnelle. Son propos n’est pas d’aborder son travail par une révolution formelle, mais de cautionner sa singularité par un apport mental, voire littéraire. Elle écrit ses sculptures comme Gustave Doré gravait les images de la Divine comédie ou de l’Enfer de Dante ou comme Camille Claudel enfantait ses allégories.
Son propos est d’illustrer ce que lui dictent ses mains. C’est une écriture en trois dimensions qui puise une partie de ses sources à l’actualité politique, sociologique, anthropologique, comme au surréalisme et à la science-fiction. Les références sont multiples et masquées car elles appartiennent aussi bien au monde du cinéma ou de la photographie qu’à celui de la peinture ou de la littérature.
Conviées par Adriana Popovic à son festin d’argile, les travailleurs de Salgado, La mort de Sardanapale de Delacroix, le Bene Gesserit du Dune de Frank Herbert ou l’idiot du Stalker de Tarkovski créent une collision d’idées et de concepts d’où émerge l’œuvre achevée.

Même s’il en est le principe moteur, Adriana Popovic ne se contente pas d’un simple achèvement plastique. Son travail est d’abord, surtout une mise en question de la condition humaine.

(Texte de Philippe Curval)