marcjansonMarc Janson fait jouer dans ses toiles un univers fantasmagorique qui se situe dans la filiation de peintres surréalistes tels que Yves Tanguy ou  Wolfgang Paalen.  Ses paysages cosmiques tourbillonnaires peuvent, de prime abord, paraître énigmatiques : hors temps, terre ou ciel, on ne sait, sans oublier l’eau multiforme.   Figuratives mais de quoi ? D’on ne sait quelles formes légendaires qui ne sont identifiables ni comme animales, ni comme végétales, mais qui sont toujours en mouvement, en proie à on ne sait quelles mutations.  “Une sorte de cosmos musical” pour Pieyre de Mandiargues, qui dit de cette peinture qu’elle l’enchante  (au sens le plus fort et le plus littéral, bien sûr).

Les couleurs ? A tendance monochrome, mais pas toujours, tons chauds se mêlant aux tons froids : “gris, gris bleu, ocre, ou parfois couleur du Radeau de la Méduse”, dit l’artiste. Et parfois striées,  comme on pourrait le dire de Zao-Wou-Ki, et, comme le reconnaît lui-même l’artiste, “de brèves et minces écritures grises”.   Les titres, poétiques, choisis pour leur fort pouvoir de suggestion, sont inspirés par des poètes ou des écrivains dont l’imaginaire, tout chargé des forces élémentaires, éclairé par la nuit, rejoint le sien : Borges, Tristan Tzara, Georges Bataille, Italo Calvino. Et puis, on ne s’en étonnera pas, Nietzsche et son Zarathoustra. Citons pour illustration : “Les lunes roses et vertes pendaient comme des mangues”. “Quand la flamme est couleur du vent”.  Allant, pourquoi pas, jusqu’à un alexandrin du Daumal de Contre-ciel :  “Et le sol qui vous porte a des lueurs de souffre”.

Patrick Waldberg décrit avec admiration “ces compositions luminescentes où saignent, ici et là, des blessures de phosphore, vols de lucioles égarées dans les limbes.”

(texte de Françoise Py,  Maître de conférences à l’Université de Paris 8 en histoire et théories de l’art)